Historique de la Ferme des Dames à Saint Baudille de la Tour
Origine de notre ferme touristique et ses premiers occupants :
Elle est considérée dès son origine, comme une maison forte bordée de fortifications. Puis en 1339, elle est mentionnée dans un enquête pontificale. Néanmoins, le bâtiment principal, tel qu'il est actuellement, est du 15ème siècle, et semble avoir été érigé par la famille de Putrain seigneur d'Amblérieu, comme l'atteste le blason familial sculpté sur le porche de l'entrée.
La tour, les escaliers intérieurs à vis, et les fenêtres à meneaux sont d'ailleurs typiques de l'époque. Ensuite les bâtiments sont la propriété de diverses familles nobles, des femmes en particulier, toutes issues semble- t-il de la seigneurie d'Amblérieu. Des femmes qui, sans doute, ont donné à notre maison forte le nom de Ferme des Dames. Ainsi la comtesse Catherine de Paris, Dame d'Amblérieu, nous apparaît en 1613 en tant que propriétaire des lieux. Un compte-rendu rédigé le 3 juillet de la même année, nous apprend son existence. Cette dernière est épinglée dans ce document, car elle refuse de payer son dû au clergé local. La Dame de Paris est encore une fois citée dans de vieux écrits (ceux-ci concernent une réunion tenue chez elle le 23 avril 1661. Le motif de cette assemblée se rapporte à l'élaboration d'un parcellaire paroissial. Une œuvre colossale, puisqu'il s'agit de répertorier toutes les parcelles locales. Sont réunis pour les circonstances : les petits propriétaires de Saint Baudille, Messire Montlouis maître arpenteur de Crémieu chargé du dénombrement des parcelles et les notables Michel Berger, lieutenant de la 8ème capitainerie de mandement de Quirieu, frère Roux coojustateur du couvent de la Salette, Claude Cugnat grandual, Dame Catherine de Rigot.
L'élaboration de ce parcellaire, rencontre d'emblée de grosses difficultés. Un désaccord intervient sur la valeur à donner à l'unité de mesure à prendre en considération. Le mètre, l'hectare et le système décimal n'existent pas encore. Seul le journal établit dans la région l'unité de surface. Cependant sa valeur diffère selon les localités. Or, en ce jour du 23 avril 1661, la discussion, dans cette Ferme des Dames, tourne précisément sur cette question. Le Sieur Montlouis, maître arpenteur, est en désaccord avec le mode de calcul des surfaces avancées par Saint Baudille. Il propose de son côté, un autre système, celui sans doute employé à Crémieu. La discussion s'enlise et Montlouis, manifestement grugé dans l'affaire, réclame à St Baudille une rémunération plus conséquente en échange de son travail d'arpentage et exige une valeur basée sur 900 toises delphinales : le journal. Plusieurs réunions seront nécessaires pour parvenir à un accord, et le travail du parcellaire peut débuter. Il dure plus de 6 ans et se traduit par un énorme livre manuscrit d'un format de 19 cm par 21 cm, de 710 pages et de 11 cm d'épaisseur.
Il recense toutes les maisons, masures, granges, parcelles de terre, prés, vignes, bois etc. Il détermine leur surface et leur imposition, le nom de leur propriétaire, leur rang social (noble ou pas). Toutes ces surfaces sont répertoriées, identifiées et situées dans l'espace par écrit en fonction des lieux dits, de leur environnement immédiat et des 4 points cardinaux. Soit au total, près de 2 000 parcelles répertoriées, dont 52 vignes, 190 maisons, 48 masures, 2 moulins, une dizaine d'étangs, 154 propriétaires parmi lesquels 12 nobles qui se partagent la moitié du territoire paroissial soit une surface de 2 661 journaux. Les 142 autres petits propriétaires se contentent de ¼ de territoire soit : 1 355 journaux. Les 1 271 journaux restants représentent les parcelles communales et des terrains vacants. Les propriétés du clergé s'étendent sur 300 journaux dont 3 journaux attribués au prêtre curé de St Baudille, un dénommé Messire Anthonin Gemiusi.
Quant à Catherine de Paris, notre propriétaire de la Ferme des Dames, elle possède en 1667 : 5 maisons, 6 vignes, 76 parcelles dont 9 bois le tout égal à 272 journaux. Un siècle plus tard, une autre femme devient la maîtresse des lieux : la comtesse de Quinsonas. Son patrimoine immobilier semble avoir évolué ; elle possède toujours 5 maisons, mais a davantage de parcelles : 269. La forte personnalité de cette comtesse lui permet de passer sans encombre les troubles révolutionnaires de 1789 jusqu'au début de l'Empire. Ses biens ne sont pas aliénés ni vendus. Elle perd néanmoins son titre de noblesse et devient simple citoyenne, la citoyenne de Quinsonas. Elle connaît toutes les tensions religieuses du moment. Elle n'intervient semble-t-il pas à Saint Baudille, laisse passer l'orage, 9 années pendant lesquelles l'activité religieuse est proscrite dans notre village. Puis sous l'Empire elle se manifeste.
En 1804, elle prête au citoyen Griot des ornements destinés à la décoration de notre église. Une église complètement saccagée pendant la période révolutionnaire. La citoyenne veuve de Quinsonas demeure tout de même une privilégiée, à la tête de vastes domaines, celui de St Baudille atteste de la dignité de son rang social, l'impôt "portes et fenêtres" de 1810 révèle en effet l'existence dans sa maison forte des Dames de 5 fenêtres une preuve de confort de vie incontestable puisque sur les 143 maisons recensées à Saint Baudille à cette époque, 107 ne possèdent aucune fenêtre. Le fils de la veuve de Quinsonas Emmanuel, lui succède et sa petite fille la comtesse de Virieu reprend le flambeau de la Ferme des Dames en 1881. Le domaine est toujours aussi important, quelques biens sortent du patrimoine familial. Deux maisons et quelques parcelles sont vendues en 1888, néanmoins la propriété de la comtesse de Virieu s'étend encore sur 158 hectares. La Ferme des Dames s'est modifiée depuis 1825. Les bâtiments situés en face de cette vieille bâtisse sont démolis, d'autres reconstruits comme la grange au toit à 4 pans et la nouvelle écurie. La comtesse de Virieu est très active, elle s'occupe de l'école religieuse ouverte aux filles. Ce bâtiment est situé au centre du bourg et fait partie de son patrimoine immobilier, et à ce propos, à la séparation de l'Eglise et de l'Etat, elle mène campagne et s'oppose à la municipalité. Le motif de son action repose sur la vente d'un de ses terrains destiné à recevoir l'école publique, les passions religieuses se réveillent.
Puis en 1911, au bout de 7 années de conflits, la comtesse de Virieu perd définitivement le procès intenté à son égard, elle est expropriée de son terrain et les travaux de l'école publique peuvent débuter. En 1923, la comtesse de Gontau Biron prend le relais dans la gestion de la Ferme des Dames. Cette comtesse est sans histoire, elle participe en 1930 à une cérémonie religieuse. Elle est marraine d'une petite Gabrielle Alberte. Cette petite n'est autre qu'une cloche, la nouvelle cloche de notre église pesant à son baptême plus de 400 kg. Notre comtesse est généreuse, elle finance entièrement cette opération. La fille de la Dame de Gontau Biron, la comtesse du Bourg, hérite à son tour en 1938 de la Ferme des Dames, puis le domaine quitte pour la première fois de son histoire une famille à particule. Monsieur Servenat, un industriel de Morestel en devient propriétaire en 1961-1962. Le domaine est revendu en 1985 à une société gérée par Monsieur Barrillot.
Histoire récente de notre ferme :
Le dernier fermier à occuper les lieux (Monsieur Chorier 1926-1972) possédait un cheptel important de bovins et d'ovins. Le site est ensuite abandonné pendant quelques années.
En 1979, la Ferme des Dames est une nouvelle fois occupée : une association "les Roulottes Dauphiné" prend possession des bâtiments en tant que locataire, le site est en mauvais état, fortement endommagé par la vétusté. Une activité y est créée, elle est axée sur les promenades équestres attelées : balade-carriole, ou séjour découverte Roulottes. Le dynamisme insufflé par les différents responsables, Messieurs Lucien Moly, Jean Moly et Gilbert Beaud permet à cette activité de se développer.
Merci à eux, leurs actions ont permis d'engager la sauvegarde de la Ferme des Dames. Notre commune devient propriétaire des bâtiments de la Ferme des Dames en 1992. Elle prend en charge la restauration et l'aménagement des lieux et signe une convention avec l'association gestionnaire. En 1993, deux salles de restaurant et une cuisine y sont créées.
6 gîtes sont également érigés (42 lits) dans 3 petits bâtiments construits pour la circonstance.
Ainsi, avec l’avis favorable des habitants, notre commune décide de gérer elle-même les lieux et loue à des particuliers les gîtes et les salles de réception.
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